Le premier ministre éthiopien a été un artisan de la
réconciliation avec le voisin érythréen. Pour la 2e année
consécutive, un croyant évangélique est distingué.
Abiy Ahmed, premier ministre éthiopien, a reçu le prix Nobel de la paix le 11 octobre. Dès son accession au pouvoir en avril 2018, cet homme né en 1976 a rapidement œuvré pour un rapprochement avec l’Érythrée, son voisin qui a fait sécession en 1993 et avec lequel un conflit de vingt ans a causé la mort de plus de 80 000 personnes.
Abiy Ahmed a rapidement rencontré son homologue érythréen, le président Isaias Afwerki en juillet 2018, pour mettre un terme à l’état de guerre. Des ambassades ont été ensuite ouvertes, des liaisons aériennes restaurées, des familles séparées depuis des années ont pu se retrouver.
La paix n’est pas
encore complètement acquise mais ces efforts sont le signe que l’Ethiopie et
l’Érythrée sont sur la voie. C’est ce qu’a voulu encourager le comité Nobel.
Pentecôtiste issu d’un foyer interreligieux
Musulman de l’ethnie omoro
par son père mais de mère amhara chrétienne, Abiy Ahmed est le treizième enfant
d’un père polygame. D’abord orthodoxe comme sa mère, il est devenu
pentecôtiste. Il est marié lui aussi à une chrétienne amhara.
Membre de la Full Gospel
Believers Church, il reste toutefois discret sur sa foi, voulant avant tout
être un représentant de la population de son pays dans sa globalité. Son
métissage est ici un atout.
Depuis le début de son mandat l’an dernier, Abiy Ahmed a du reste également effectué des gestes de paix envers les autres ethnies que la sienne : il a libéré certains prisonniers politiques et a fait davantage respecter la liberté de la presse. Avant de s’engager en politique, Abiy Ahmed a été militaire pendant vingt ans. Il avait notamment été casque bleu au Rwanda après le génocide des Tutsis.
Les évangéliques, des faiseurs de paix ?
Cette nomination est une image positive que le christianisme contemporain en Afrique manifeste dans la sphère publique internationale. Mais c’est aussi une image positive pour les protestants évangéliques. L’an dernier, c’est un autre évangélique, Denis Mukwege, qui a reçu le Nobel de la Paix (en tandem avec la rescapée yezidi Nadia Mourad).
«Le tout premier prix Nobel de la paix était déjà un évangélique», rappelle Michael Mutzner, représentant permanent de l’Alliance Evangélique Européenne auprès des Nations Unies. Il s’agit d’Henry Dunant, récompensé en 1901 et qui fut aussi le premier secrétaire de l’Alliance évangélique à Genève.
Michael Mutzner se dit «fier de faire partie d’un
courant reconnu pour sa contribution à la paix dans le monde». Il
ajoute: «Après tout, nous souhaitons
vivre en disciples de Jésus, appelé aussi le Prince de la paix. Ces protestants
évangéliques nobélisés rappellent que nous avons une vocation de faiseurs de
paix.»
Source et Crédit Photo : Christianismeaujourdhui.info